Dans le cadre des animations organisées par la ville de Plouzané pour les journées de la nature, Rozenn Bizien, les Vigies du Minou et leurs familles ont réalisé une fresque végétale près du sentier côtier.
Le projet commun consistait à finaliser le chantier de débroussaillage du lavoir que nous avions entrepris il y a quelques semaines.
Nous cherchions une idée pour utiliser la surface des murs du local désaffecté près du lavoir. Le service animation de la commune nous proposa de rencontrer Rozenn Bizien « Roz’N’Art« , artiste plasticienne. Une première visite « au pied du mur » sur le sentier côtier nous permit de faire un peu plus connaissance et de définir le thème de l’illustration.
La carte postale à l’origine de nos travaux représentait une jeune femme se rendant au lavoir. Pourquoi ne pas conserver le fil conducteur qui nous avait guidé jusqu’à la source?
Nous rendrions ainsi à « Marie » le petit clin d’oeil qu’elle nous avait transmis à travers toutes ces années par l’intermédiaire de son courrier extraordinaire expédié à ses amis vers 1945 :
https://www.lesvigiesduminou.bzh/index.php/2021/04/16/sous-les-ronces-lhistoire/
Une lavandière, de l’eau fraîche qui ruisselle, des enfants qui jouent près du lavoir. Un autre petit clin d’oeil, à travers les âges, à nos grands-mères pour qui la corvée de lessive n’était certainement pas une partie de plaisir.
Roz’N’Art il y a quelques jours, avec beaucoup de talent et quelques coups de crayon avait modélisé notre idée. Le schéma était validé. Il restait à reproduire le tracé des silhouettes sur la surface rugueuse des murs fraîchement repeints par les services techniques de la ville. Le vent malin s’invita à ce premier atelier dessin. Les calques comme des étendards flottaient en toutes directions au risque de les déchirer. Rozenn nous avoue en coulisse que quatre mains furent à peine nécessaires pour maîtriser la fougue de ces courants d’air. La Nature dont nous voulions, en mai, célébrer une belle journée repris ses droits et nous expédia une belle tempête reportant cette animation au mois de juin.
Les sculptures végétales sont éphémères composées de mousse naturelle. Je vous ai préparé de la colle, nous annonce Rozenn en ouvrant le couvercle de son auto-cuiseur. Qui veut y gouter? Les regards deviennent fuyants, les nez se baissent, on sifflote discrètement en se retournant. La colle que je vous ai préparée est comestible, préparée avec de la farine, de l’eau et de la bière. Qui voudrait y goûter? Le mélange semble épais. Un intrépide lève la main plonge son doigt dans la marmite, un autre plus gourmand s’empare d’une cuillère. Les enfants esquissant une grimace ouvrent des grands yeux. Les parents seraient devenus fous? C’est pas mauvais dit l’intrépide. Plusieurs ont goûté, on a bien ri.
Une cocotte minute, une grande casserole, des cuillères! A quel pique-nique au pied des murs serions-nous invités? Voilà qui nous rassure avec quelques pinceaux et d’indispensables spatules. Tout est bon pour étaler la colle. L’exercice pour les plus petits et les plus grands sera, comme à l’école, de ne pas dépasser les bordures. Les plus habiles ne sont pas ceux que l’on croit. Bravo les enfants.
Du bas du mur vers le haut, les plus jeunes en bas les plus grands tendant les bras tout en haut, les silhouettes esquissées prennent forme. Le bébé qui trotte n’a encore que sa tête et ses bras mais il est déjà charmant. Les tulipes se dessinent, et là, il y a même un papillon, un petit chat. Dans le coin, bien sage la petite fille accroupie lit tranquillement son livre tandis que les colleurs de mousse ravis de leur travail passent déjà à une autre silhouette. Maman d’un coup de pinceau étale la colle, Félix plonge ses bras dans le grand sac et s’empare d’une grosse poignée de mousse toute douce.
Pour votre reporter, entre deux photos et le collage, Rachel et Annaïg mes deux directrices artistiques me grondent un peu! J’ai dépassé le trait et Rozenn a dit qu’il fallait mettre plus de colle. Où va t-on si les grands ne respectent pas les consignes?
Prenant du recul, Roz’N’Art contrôle son dessin, guide encore une main, reprend le bout du nez d’une silhouette, la sculpture végétale sera parfaite.
Toute cette agitation attire quelques passants et curieux venus en voisins. Ha! c’est vous, les Vigies du Minou, mais que faites vous? Qui êtes vous? Chacun son tour, lâchant la mousse, la colle et les pinceaux, dans le lavoir se rinçant les mains, chacun d’entre nous devient à l’occasion l’ambassadeur de l’association. « A bientôt, bonne journée, allez voir notre site internet ».
Terminant une chevelure, les plus grands sont maintenant perchés sur les escabeaux. Sans smartphone, sans internet, les plus jeunes, « qui n’ont plus rien à faire », à leur hauteur, ont déjà trouvé un bout de branche pour s’amuser avec les algues qui dansent dans le lavoir. Il y a quelques semaines il n’y avait même pas d’eau.
L’atelier sculpture touche à sa fin, Rozenn passera de temps en temps pour « un petit coup de peigne », une petite retouche si nécessaire. Nous le savons déjà, l’oeuvre de l’artiste et de tous ces bras n’est qu’éphémère. Jusqu’à l’été, nous pourrions en profiter, ce serait bien, si le ciel nous entendait. Juste le temps d’une dernière photo, tous ces sourires en disent long sur l’animation de cet après midi.
Sur le sentier un groupe passe, oh! regarde, ici le petit chat, je ne l’avais pas encore vu. C’est quoi? C’est qui?
C’est les Vigies.
Merci à Rozenn, au service animation, aux services techniques de Plouzané et aux artistes colleurs de mousse petits et grands.
2 réflexions au sujet de « Les sculptures végétales de Roz’N’Art »
Très joli reportage, fidèle, et tellement bien raconté … on s’y croirait 🙂 Bravo au poète !
Heureuse d’avoir partagé ce moment avec vous tous.
Rozenn
Merci beaucoup Rozenn, nous espérons que cette oeuvre éphémère attirera encore longtemps l’attention et la curiosité des promeneurs. C’était un plaisir de vous rencontrer.
Yannick