C’est au pied du mur que l’on reconnait les Vigies

Sur des premiers plans établis semble-t-il en 1689, le fort du Minou fut construit entre 1692 et 1697 sur ce promontoire aux avant-postes du Goulet.

Les voiles des escadres ennemies voguaient sur la mer d’Iroise. Il fallait alors défendre et protéger les accès par la mer à la rade de Brest.

Vauban y voit là une place forte dont il serait judicieux de renforcer la puissance de feu. L’architecte militaire écrit ainsi au roi le 15 juillet 1695:

« Le Minou. C’est la batterie la plus avancée du Goulet à la grande mer. Il n’y avait que deux pièces de canons et deux mortiers. J’en ai fait ajouter quatre de 36 et y ferai encore mettre deux. On la ferme actuellement par derrière en redoute, la capacité du lieu ne permettant pas d’y faire autre chose ; elle sera fraisée et palissadée « 

Comme les autres forts du Goulet, le Minou va accroitre ses capacités de défense avec l’évolution des armements. Les défenses terrestres seront encore modifiées jusqu’en 1856 ordonnées par la commission mixte d’armement des côtes. Sous le lierre nous découvrirons au cours de cet article les ruines de l’aile Est bombardée lorsque le fort fut occupé par l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale.

Un fort que Vauban qualifie de redoute

Des douves et des remparts, et s’il était venu à l’esprit de l’ennemi de débarquer ses troupes à terre, à Bertheaume par exemple ? 

Surveiller ses arrières, le génie militaire fort de cette science des fortifications prévoyait d’employer tous les moyens de défense à sa disposition. Au cas où l’ennemi par ruse viendrait à attaquer par la terre. Vers le Nord, les palissades furent rehaussées, des fossés creusés, des murailles dressées !   

Les remparts du fort du Minou en décembre 2021

Des épines plus résistantes que le bronze des canons ?

Les canons, les mortiers de Vauban pointés vers la mer ont depuis longtemps disparu. Des barrières naturelles défensives quand à elles, retardant l’avance des fantassins ennemis gardent aujourd’hui une redoutable efficacité. 

L’ingénieur militaire ordonna que l’on camoufle les forts aussi discrètement que l’on pouvait sous la végétation. On évoque encore aujourd’hui ces fameux pins militaires. D’autres tempêtes eurent raison de leur trop hautes cimes. Les épines de la défense passive, végétation beaucoup plus rase, trois siècles plus tard se sont implantées, multipliées et sont toujours opérationnelles. 

C’est face à cette horde de fantassins épineux, apparemment immobiles, mais envahissant progressivement les douves du fort du Minou que les hussards bénévoles des Vigies du Minou ont décidé de contre-attaquer.

Sur le front Nord, profitant du fort déserté, insidieusement les lierres tissent leurs toiles, lancent leurs échelles à l’assaut des remparts. Lentement les longues lianes s’immiscent dans la moindre faille de la muraille. Redoublant d’efforts, puisant à chaque printemps un peu plus de force au pied même du rempart, les tentacules végétales descellent ici et là un lourd moellon de granit, éventre une meurtrière.

Le Minou vers 1925

Les Vigies lancent une contre-attaque

Et si nous redonnions un peu de perspective, de visibilité à cette redoute. L’idée nous trottait dans la tête en regardant des photographies du fort vers 1925. Entre deux guerres, démilitarisé, le fort eut même l’audace de vouloir héberger un hôtel. Accueillir des touristes en villégiature. Les barbettes des mortiers et autres canonnades allaient désormais offrir un panorama imprenable et des limonades face à la mer. 

Loin de nous l’idée d’y rebâtir aujourd’hui un hôtel mais la volonté d’y consacrer quelques heures à un débroussaillage, une mise en lumière bien mérités. 

Un hôtel 2 étoiles au fort du Minou vers 1930

Rassembler les troupes

Ce samedi 22 janvier, bien équipés, gantés pour résister à une fraîche matinée et aux épines acérées, une dizaine de bénévoles des Vigies du Minou partaient à l’assaut des ronces et des broussailles.

Avec l’accord du Conservatoire du Littoral, de Brest Métropole, des bâtiments de France et de la mairie de Plouzané, les sapeurs des Vigies du Minou reprenaient, non sans efforts et quelques égratignures, possession du terrain. Un peu plus de 200 mètres carré au sol et autant de muraille à débroussailler. L’autorisation de chantier n’ayant été accordée que pour l’aile Est du fort.

Diaporama sur le chantier

Tout d’abord, ouvrir le passage.
Les Vigies au pied du mur.
Un chantier à débroussailler
Vue sur mer. Demain … un joli belvédère ?
70 ans que le lierre tissait lentement sa toile

Après 4 heures de combats acharnés, (et un petit café) les outils de « jardinage » encore fumant des bénévoles étaient remisés. Dans la douve, les pruneliers sauvages, les ronces, les lierres étaient vaincus.

Cet espace ouvert, pourrait offrir d’ici quelques temps, après avoir été sécurisé, un superbe belvédère face à la mer. 

La redoute respire
Une joyeuse équipe de jardiniers fourbus mais toujours motivés

3 réflexions au sujet de « C’est au pied du mur que l’on reconnait les Vigies »

  1. Comme d’habitude , Yannick, tu as su trouver les mots pour raconter cette journée de débroussaillage à laquelle j’aurais aimé participer , mais on ne peut être en Australie et au Minou en même ! Vous avez fait un boulot fantastique …
    Quand attaque-t-on le rempart ouest ?
    Amicalement
    Jean-Paul

  2. Magie d’internet, nos outils sont à peine remisés que notre correspondant de notre agence de Sydney nous répond.
    Bonjour l’Australie presque bonsoir avec 10 heures de décalage. Jean-Paul, on te garde un petit carré à défricher rien que pour toi 😉 A bientôt

  3. Ah,ah, l’agence va fermer dans une semaine!
    Ici je ne defriche pas, mais il y a les petits enfants et là, c’est un travail intensif ….🤠🤡
    À très bientôt…

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