La configuration de la vallée du Mengant a beaucoup évolué au fil du temps. Les diverses installations militaires ont contribué a modifier le paysage. Mais au delà de l’activité du site militaire et aussi parfois en lien, la vallée du Mengant a également connu une véritable activité civile et agricole. Nous n’évoquerons ici que les modifications intervenues dans le fort ayant eu un incidence sur la vallée.
À la fin du XVII ème siècle l’anse du Mengant est un petit port dans lequel les chaloupes viennent s’échouer à marée basse.
La grande batterie du Léon que l’on appelle aujourd’hui le fort du Mengant a été construite entre 1684 et 1687 par Paul-Louis de Mollart, sur des plans de Siméon Garengeau corrigés par Vauban.
La batterie basse a été construite sur une plate-forme artificielle gagnée sur la mer. Elle est fermée par une porte à l’extrémité du parapet du côté de l’anse.
Une rampe est construite sur le côté ouest de l’anse afin que les navires puisse décharger leurs marchandises.
À l’extérieur de l’enceinte du fort au fond de l’anse côté falaise il est construit des maisons afin de loger le chirurgien, l’aumônier et le garde d’artillerie.
En 1842, le cadastre nous donne quelques précisions sur la vie civile dans la vallée du Mengant.
35 habitants y logent dans 8 maisons d’habitation dont 4 possédaient une couverture en chaume et 4 une couverture en ardoise. Toutes ces maisons ont disparu mais à qui sait bien regarder on en voit encore quelques vestiges.
A la fin du XIXe siècle la rivière du Mengant était, sur Plouzané, celle qui comptait le plus de moulins.
Sur le cadastre de 1842, 4 moulins à eau y sont répertoriés. D’amont en aval on trouve :
- le moulin de Poulpiquet
- le moulin de Kersalaun
- le moulin de Kerallann
- le moulin du Mengant
Les bâtiments des moulins de Kerallan et de Kersalaün sont encore présents sur une photo aérienne de 1919
Aujourd’hui ces moulins ont disparus, il ne reste de traces que du moulin de Kerallan
On sait que le moulin du Mengant a été détruit lors de la construction du nouveau mur d’enceinte du fort. Le 08 novembre 1854 Pierre Provost achète aux frères Donnard le moulin à eau du Mingant. Après son décès en 1879, les successeurs le vendent le 20 mars 1887 à l’Etat pour l’extension de la batterie du Mengant pour un prix de 2400 Francs.
On remarque qu’en amont de chaque moulin était creusé une retenue d’eau. Tous ces étangs ont aujourd’hui disparu, le cours de la rivière a été déplacé et le fond de la vallée du Mengant est devenu une prairie humide.
Quand la construction du phare du Petit Minou a une incidence au le Mengant
Le 24 mars 1847, le Préfet du Finistère est saisi d’une plainte du Maire de Plouzané, Jean François Malaboux. Ce dernier demande que des mesures soient prises pour faire enlever de la baie du Mengant les pierres de taille entreposées par l’entreprise en charge de la construction du phare du Petit Minou. Le Maire signale par ailleurs que ce dépôt de matériaux entrave la fréquentation du Mengant qui est indispensable aux habitants de Plouzané pour la récolte du goémon.
Le 10 mai 1847 le Préfet du Finistère relance ses services puisque le Maire de Plouzané s’est à nouveau plaint car aucune mesure d’enlèvement des matériaux n’a été prise depuis son premier courrier.
L’ingénieur Menu de Menil se rend sur place et constate que les allégations du Maire sont infondées. Les ordres donnés à l’entrepreneur Weiler pour l’enlèvement des matériaux ont été ponctuellement exécutés. Une route de voiture a été aménagée sur le haut de la grève, ainsi que deux autres chemins aux deux extrémités également praticables pour leurs voitures pour se rendre soit à la Trinité soit sur la route du Minou.
1878 construction du môle : l’anse du Mengant est militarisée
L’objectif est de permettre aux canots lance torpilles de se mettre à l’abri en créant une sorte de refuge. Le refuge pour torpilleur est rapidement abandonné
1886 construction de la batterie de rupture du Mengant, ou “batterie du ravin”
La batterie du Ravin du Mengant a été aménagée en 1885-1886 au fond de la grève à l’est de la batterie basse.
Construite à 10 mètres au dessus du niveau de la mer elle est armée de 4 canons faisant office de batterie de rupture. Deux traverses-abris et un magasin à poudre ont été construits pour la batterie.
L’ensemble est entouré d’un mur crénelé de faible hauteur. Ces travaux ont complètement reconfiguré le fond de l’anse et le moulin et le lavoir du Mengant ont disparus à l’occasion de ces travaux
Les habitants de la vallée du Mengant
Les différents recensements nous permettent de nous faire une idée de l’évolution de la population au Mengant ainsi que des métiers exercés.
On peut noter que sur certains recensements environ la moitié des habitants ont moins de 16 ans.
On remarque également une chute brutale du nombre d’habitants entre les recensements de 1911 et de 1921, ce qui peut s’expliquer par les effets de la première guerre mondiale.
De 1846 à 1856 une brigade de la Douane était présente au Mengant
A partir de 1886 on voit apparaître de nouvelles professions ce qui peut s’expliquer par les besoins nécessités par les travaux de construction de la batterie de rupture.