Le 18 septembre 1890, Monsieur De Livaudais, médecin à Daoulas et propriétaire d’une chaloupe faisant commerce de sable, écrit au journal « La Dépêche » :
« J’ai l’honneur de vous informer des faits suivants : Une chaloupe m’appartenant, faisant le commerce du sable, n° 222, patron Bernicot, montée par trois hommes et un mousse, se trouvait mardi, vers dix heures du matin, sous le fort du Minou, au milieu d’une dizaine d’autres chaloupes occupées à draguer du sable.
L’artillerie tire trois coups de canon, et au deuxième ou troisième coup, ma chaloupe reçut à tribord une forte secousse. Son aviron en frêne était coupé et un de ses bordages était enfoncé.
La bague d’un obus s’étant détachée, s’était déployée, et ce projectile, était venu frapper la chaloupe. Un peu plus bas, elle était coulée; un peu plus haut, un des hommes de l’équipage était coupé en deux.
Ma chaloupe étant sous le fort du Minou, à 100 mètres au plus des pièces, et bien au-dessous, ne gênait en rien le tir et elle ne se trouvait pas sur la trajectoire de l’obus, qui devait atteindre un but distant de 4.000 mètres.
Il y a là une question qu’il serait bon de trancher. Qui est-ce qui doit payer les dommages, l’Etat ou l’armateur ? L’Etat a-t-il le droit de paralyser le commerce du sable, qui fait vivre plus de deux cents familles de marins, et qui, de plus, est indispensable a l’agriculture? L’artillerie peut choisir ses heures pour exécuter son tir. Les chaloupes qui font le commerce du sable du Minou sont obligées de partir avec la mer descendante et de revenir avec la mer montante. Ceux qui les conduisent ne sont donc pas libres de faire ce qu’ils veulent. Ils devront donc se résigner à risquer d’être coulés ou à se croiser les bras les jours de tir. »
(*) chaloupes chargeant le sable coquiller ou treas au Minou
Source : journal « la dépêche de Brest » du 18/09/1890