Cela fait des années que des passionnés d’histoire s’interrogent sur ces croix que l’on retrouve le long du littoral. Elles sont profondément gravées dans la roche comme pour défier le temps et les embruns.
En 1987, un article du télégramme indiquait que Yves chevillotte avait répertorié six croix au nord du goulet. Son étude qui ne concluait pas avait repéré des croix à Plougastel, Ouessant et Kerlouan. Sur Ouessant, ces marques sont différentes. Ce sont des croix de procession.
D’autres amoureux du littoral en ont retrouvés d’autres entre Plougonvelin et Plouzané. Douze sont inventoriées dans ce secteur.
La théorie qui ressort toujours est le côté religieux de ces gravures. Un hommage aux disparus en mer. Yves chevillotte évoquait des limites de terrains et suggérait le moyen-âge comme datation.
En menant l’enquête à leur sujet, j’ai interrogé l’association 1846. Patrick Jadé, spécialiste des fortifications, penche pour du bornage de servitude militaire. Il a déjà lu un écrit à ce propos pour l’île de Penfret, aux Glénans.
Les bornes de servitudes militaires servent à délimiter des zones qui interdisent certains droits auprès de zones militaires afin de garantir une zone de défense. On en voit souvent le long du littoral. Les bornes de servitudes sont carrées. Il ne faut pas les confondre avec les bornes de propriété qui sont octogonales.
Il existe trois classes de servitude militaire.
- La première zone interdit toute construction à moins de 250 m ( 125 toises).
- La deuxième zone va jusqu’à 487 m (250 toises).
- La troisième est à 974 m (500 toises) pour les forts et 584 m (300 toises) pour les petits ouvrages (redoutes, batteries…) .
Mr Jégou a répertorié douze croix entre le Dellec et Toulbroc’h. Je le remercie de son aide car ces croix sont souvent difficiles à trouver.
Le fait que ces croix ne sont repérées que sur notre littoral n’aide pas à prouver cette théorie.
carte de servitudes militaires.
Tous ces éléments semblent conforter la piste de bornes de servitudes militaires. On peut dater ces croix de 1750 à 1850. Notons que cette théorie est loin de faire l’unanimité.
Gilbert Mellaza
Sources : https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/1848