Les vestiges à l’est du fort du Mengant correspondent à un poste expérimental de torpilles construit en 1873-1874.
Le goulet présente des obstacles importants (courant, profondeur, tempêtes, fonds rocheux) pour la mise en œuvre de nouvelles alternatives de défense.
Des barrages de torpilles ont été envisagés dès la fin du Second Empire mais sans succès. Seul une ligne de torpilles de fond à déclenchement électrique a finalement pu être installée sur la portion la plus réduite de la passe sud entre la roche Mengant et la pointe de Cornouaille.
A la fin du XIX siècle, dans l’objectif de bloquer la passe Nord, le Génie souhaite expérimenter un dispositif de lance torpilles à partir de la côte. Ces torpilles mises au point par Robert Whitehead depuis les années 1860 étaient de fabrication italiennes. Elles étaient propulsées à air comprimé.
Un site à l’Est du fort du Mengant est choisi pour construire un tube de lancement de torpilles avec une cale en maçonnerie (photos 3 et 4) et un abri pour les instruments de mesures (photos 1 et 2).
Cependant cette expérimentation ne fut pas concluante et n’a jamais dépassé le stade des essais.
Le tube lance torpilles du Mengant pourrait être le plus ancien dispositif de ce type construit à terre. Ces vestiges sont inscrits aux monuments historiques depuis 2014.
Mais cette idée d’utilisation de lance torpilles n’était pas abandonnée. En 1915, afin de compenser le désarmement de certaines batteries, deux batteries de tubes lance torpilles sont installées sur la côte sud du goulet. En 1942, aux environs, les allemands construisent deux casemates lance torpilles. Dans l’anse du Dellec, ils arment un chaland de 22 mètres pour accueillir 4 batteries de torpilles. Cette dernière a coulée à la fin de la guerre et repose par 8 mètres de fond.
Les torpilles automobiles Whitehead
Ces torpilles, mues par un moteur à air comprimé, sont de véritables obus (photo 5)
Elles ont la forme d’un long cigare long de 5 mètres portant à l’avant une charge de 20 à 80 kg de fulmi coton (substance explosive obtenue par l’action de l’acide nitrique sur une cellulose de coton).
A l’avant, une petite hélice dont la rotation due à l’action de l’eau permet d’armer la fusée. L’engin ne peut ainsi détonner que lorsque qu’il a déjà fait un petit parcours sous l’eau.
Au milieu et à l’arrière une machine complète à air comprimé avec hélices et gouvernails peuvent donner à la torpille sous l’eau une vitesse propre de 25 à 30 nœuds pendant 800 mètres environ à une profondeur déterminée (3 mètres).
La torpille est lancée par une sorte de canon (photos 6 et 7) que l’on charge par l’arrière et appelé tube lance torpille. Ce tube n’a d’autre but que de jeter la torpille à l’eau horizontalement sans lui donner de vitesse sensible
Un levier qui s’ouvre au moment ou la torpille tombe à l’eau provoque la mise en marche de la machine en y faisant pénétrer l’air.
La torpille comprend à l’arrière deux gouvernails: l’un vertical dont l’objectif est d’assurer la marche de la torpille dans le plan vertical de visée, il est toujours immobile mais doit être réglé; l’autre horizontal est mobile pendant la marche et doit assurer le maintien de la torpille à 3 mètres au-dessous de l’eau.
Sources
- Revue maritime 1912
- Association 1846 : Tube lance-torpilles du Mengant – Association « 1846 » (over-blog.com)
- Cours d’artillerie – Service de l’artillerie dans la défense des côtes, par Ch. Gautier – Avril 1894
- Les fortifications de la rade de Brest – G, Lecuillier – 2011
- Association Dellec Plongée : Epave_DELLEC (dellecplongee.fr)