Depuis son allumage en 1848, le phare a été alimenté successivement par de l’huile végétale et des vapeurs de pétrole. Ce dernier combustible présentait quelques risques, notamment d’incendie (cf sur notre site l’article sur l’incendie de la lanterne du phare du Petit Minou du 26 mars 1907).
En novembre 1937, le ministère des travaux publics approuve l’installation d’un signal sonore au phare du Petit Minou ainsi que l’électrification du feu. Un budget de 270.000 Frs est alloué pour ces travaux. Par temps de brume, les navires disposeront ainsi d’une aide à la navigation leur indiquant le danger et la proximité de la côte.
Afin de réaliser cette opération il convient à la fois :
- de tirer une ligne électrique entre le transformateur du Mengant et celui du Minou
- de construire un transformateur au Minou
- de construire une salle des machines au pied du phare pour accueillir les électro-compresseurs et le groupe électrogène.
Pour l’électrification du feu le service central des phares fournit des lampes spéciales qui doivent être employées par le gardien à l’exclusion de toute lampe du commerce qui donnerait des résultats défectueux. Au phare du Petit Minou le gardien disposera d’un stocks de 10 lampes à « grille cylindrique » de 1000 watts -110 volts qui sont utilisées dans les optiques d’horizon ou à éclats. La durée normale de ces lampes est de 1000 heures. Après ce délai la puissance lumineuse baisse de 20% par noircissement de l’ampoule, elles doivent être retirées du service même si leur filament n’est pas brisé. Toute l’année, il doit y avoir au moins 3 lampes neuves en réserve.
La lampe du phare est mise en place le 15 octobre 1938. Le soir même les observations faites au Portzic semblent excellentes. On se rend mieux compte de l’intensité à partir de la côte de Plougonvelin, la distance étant plus grande et au retour de Saint Mathieu. Le feu fixe du Minou a bien doublé d’intensité.
Le feu est alimenté sur secteur, mais en cas de rupture électrique on installe dans la chambre des machines un groupe électrogène de secours de 3 CV à essence
Par ailleurs, une sonnerie signalant le manque de courant est placée dans la chambre de veille du gardien
Pour la mise en place du signal sonore de la corne de brume, les techniciens installent une sirène Sautter Harlé, quatre réservoirs d’air comprimé de 2m3 chacun, et deux électro-compresseurs de 13 CV
La sirène est installée à 25 mètres de haut dans un local spécifique construit à l’occasion au sommet du phare sur la galerie à proximité des réservoirs (ceci pour éviter un diamètre de canalisation excessif depuis la base du phare). Les pavillons de sirène dépassent le mur écran de 15 cm. Les deux compresseurs et le tableau de commande sont installés dans la chambre des machines.
La mise en marche de la sirène aura lieu lorsque le gardien constatera une légère brume sur la mer, entraînant la disparition de certains repères de jour ou de nuit. Un des repères pour démarrer le signal de brume était la bouée des Fillettes; quand on ne la voit plus, il faut mettre en marche les compresseurs et lancer le signal de brume. En fonctionnement, le gardien du Minou doit changer toutes les trois heures le groupe de compresseur en service et vérifier que les machines ne chauffent pas ainsi que la pression normale est obtenue mais aussi vérifier l’exactitude du rythme d’émission.
Les essais de la sirène sont terminés le 19 octobre 1938. Les deux groupes compresseurs ont tourné 6 heures sans arrêt et sans incident. Le moteur de secours a très bien fonctionné en donnant le voltage voulu.
L’émission de la sirène du Petit Minou par temps de brume sera de 1 son continu de deux secondes et un silence de 58 secondes, la fréquence sera de 160 périodes. La sirène à air comprimé a ensuite été remplacée dans les années 1960 par un vibreur, ces grands panneaux installés sur la tour radar. D’après le témoignage d’un ancien gardien de phare, cela fonctionnait comme un klaxon de 2CV, le courant électrique faisant vibrer les membranes imitant le son de la corne à air comprimé. La corne de brume du Minou a cessé de fonctionner en 2007.
Le budget initial des travaux a du être réévalué pour tenir compte de l’élévation des prix survenue depuis l’établissement du devis et de frais supplémentaires liés à l’aménagement de la salle des machines. Le budget global de l’électrification et de l’installation d’un système sonore sera finalement de 330.000 Frs.
Références supplémentaires
Photo de présentation de l’article : intérieur de la salle des machines en 1938 – Source Archives 29 – 25S919