Cette publication est une nouvelle enquête participative des Vigies du Minou. Comme pour les autres enquêtes de ce type, nous vous proposons nos hypothèses, réflexions et questions sur un sujet particulier, et nous vous invitons à apporter vos contributions et idées via les commentaires en bas de l’article, ou par e-mail.
Allons directement au but. 3 possibilités : les américains, les allemands ou les français.
Mais qui est le coupable parmi ces 3 ? Et quelle est la date du crime ?
Commençons donc par le début.
Le fort du Mengant, anciennement appelé grande batterie du Léon, a été construit de 1684 à 1687 sur une plate-forme artificielle avançant dans la mer. Le chantier a été dirigé par l’ingénieur Paul-Louis Mollart. En 1695, Vauban propose de transformer la batterie en fort en la dotant d’un front bastionné afin de la protéger du côté de la terre. A cette époque, le Mengant comporte également une tour de plan carré qui flanque l’angle nord-ouest de la batterie haute. Elle est de hauteur approximative de 15 m et comporte trois niveaux (plus combles). L’entrée principale est aménagée au deuxième niveau (premier étage). Chaque niveau est percé de créneaux de mousqueterie et le troisième niveau est doté de mâchicoulis (source : Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne, Batteries haute et basse, fort et tour d’artillerie (détruite) dits fort du Mengant (Plouzané)).
La tour du Mengant était donc légèrement plus petite que celle de Camaret, également due à Vauban et qui est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Quelques certitudes
Vers 1917, la tour du Mengant était toujours en place. On la voit bien sur la photo suivante, qui montre également des pylônes de la TSF (télégraphie sans fil).
La tour existait également pendant la 2e guerre mondiale, comme en témoigne la photo ci-dessous, prise à partir du Prinz Eugen, un croiseur allemand, vers 1941.
Les 2 photos suivantes nous viennent de Guillaume Jaudou. Elles montrent le fort du Mengant, probablement avant la fin de la 2e guerre mondiale. On y voit bien les pylônes de la TSF.
Une photo aérienne datant certainement d’après la 2e guerre mondiale montre la batterie haute du fort du Mengant fortement abîmée. Le carré gris (entouré du rectangle rouge) représente probablement des ruines de la tour. En effet on ne distingue qu’une très petite ombre autour des restes de la tour, alors que l’ombre de la muraille en haut de la photo est très visible.
En interrogeant les anciens du secteur sur cette construction, on a toujours la même réponse : de quoi parlez vous ?
Une hypothèse
Nous pensons que la tour a du être très fortement endommagée à la fin de la 2e guerre mondiale (lors des combats de la libération) et être détruite ensuite.
Quelques éléments qui étayent cette hypothèse:
- Selon L’Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne « les pylônes [de la TSF] sont sabordés à l’arrivée des troupes américaines » (source : Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne, Batteries haute et basse, fort et tour d’artillerie (détruite) dits fort du Mengant (Plouzané)).
Les allemands se sont en effet repliés sur la batterie de Kerdalaes, en face, suite à l’attaque aérienne du 3 septembre. Ils avaient la fâcheuse manie de tout détruire pour éviter que l’assaillant ne puisse bien se positionner pour l’assaut. Auraient-ils dynamité les pylônes et la tour ?
Cela est confirmé par l’extrait suivant du rapport Pinczon du Sel qui fait l’inventaire du Mur de l’Atlantique, construit par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale (rapport fondamental conservé au Service historique de la Défense, à Vincennes) :
- Selon H. Floch (Dans l’enfer de Brest) « Une attaque aérienne a sérieusement endommagé le fort du Mengant le 3 septembre ».
Les américains préparaient les actions de leurs troupes sur le terrain par des attaques massives d’artillerie et d’aviation. Le 5 septembre, les rangers du 5eme et les chars du 644eme attaquent. Ces préparatifs auraient-ils eu raison de notre joyau ? - Toujours selon L’Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne « La batterie haute est totalement remaniée dans les années 60 » (source : Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne, Batteries haute et basse, fort et tour d’artillerie (détruite) dits fort du Mengant (Plouzané)). Cela est également indiqué par la revue Avel Kornog qui situe la destruction de la tour dans les années 60. La marine française aurait-elle fait table rase de ce bâtiment?
Difficile de trancher pour le moment pour savoir qui a détruit la tour. Il s’agit probablement d’une combinaison de plusieurs événements.
Des certitudes, des hypothèses, et des questions ouvertes …
Nous avons tendance à ne pas nous satisfaire de solutions dont nous n’arrivons pas à prouver la véracité par un élément de preuve, comme un texte, un schéma, une photo ou une « réalité terrain ».
Chère lectrice, cher lecteur, si vous avez des éléments qui pourraient nous aider à boucler cette enquête, n’hésitez pas à nous contacter via les commentaires en dessous de l’article, ou par e-mail. Nous sommes notamment à la recherche de clichés de cette tour, idéalement datés, ou de documents qui parlent de la tour.
Source de l’image en tête de l’article : Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne, Batteries haute et basse, fort et tour d’artillerie (détruite) dits fort du Mengant (Plouzané)
Une réflexion au sujet de « Enquête en cours : qui a détruit la tour Vauban du Mengant ? »
Ah là l’avoue posez les vraies questions…Étranges effets d’ombres sur la photo prise,à,la verticale du site, la tour paraît bien “lisse” pour un bâtiment détruit… Ou alors bien nettoyé, ils n’en auraient laissé que la dalle?